Travail


 Travail

Selon l’étymologie le mot travail apparu vers 1130, issu du latin populaire tripaliare, signifiant « tourmenter, torturer avec le trepalium ».

Le terme trepalium est une déformation de tripalium, un instrument formé de trois pieux, deux verticaux et un placé en transversale, auquel on attachait les animaux pour les ferrer ou les soigner, ou les esclaves pour les punir. On constate ici que le travail est aussi souffrance par l’image de l’esclave à qui l’on demande d’accomplir un travail ou encore de « payer sa dette ».

Philippe Davezies définit le travail comme une activité déployée par les hommes et les femmes pour faire face à ce qui n’est pas l’organisation du travail.

Christophe Dejours ajoute que cette définition signifie que le travail prescrit ne suffit jamais, il existe une dimension humaine dans le travail. Il existe toujours une différence entre le travail demandé et le travail réel. Le travail se définit alors comme ce que le sujet doit ajouter aux prescriptions pour pouvoir atteindre les objectifs qui lui sont demandés ; ou, dans certains cas de ce qu’il doit ajouter de lui-même pour faire face à ce qui ne fonctionne pas quand il s’en tient uniquement à l’exécution des prescriptions.

Les nouvelles formes d’organisation de travail

Vincent De Gaulejac  pense qu’il existe une double identité du travail, à la fois activité pénible et source de réalisation de soi. Le travail se positionne à la fois du côté de « l’avoir » (on travaille pour gagner de l’argent), et aussi du côté de l’être et du faire (le travail nous transforme). Il est ainsi à la fois de l’ordre du devoir (devoir gagner sa vie) et de l’accomplissement de soi (se réaliser, s’accomplir dans son travail…). Il procure une identité et est au fondement d’une existence sociale, en termes d’insertion et d’intégration.

Le travail a connu ces dernières années d’inquiétantes mutations avec une intensification du travail et une augmentation de l’insatisfaction au travail en France.

L’usage de procédures quantifiées et rationalisées est au cœur des entreprises,  mais  ce ne sont pas des machines qui travaillent mais des êtres humains.

Les formations professionnelles tendent à apprendre au salarié à rester calme, à gérer les situations sans conflit. Toutefois le salarié vit malgré tout des situations pénibles qui entraînent un sentiment de colère qu’il ne peut exprimer et donc qui se retourne contre lui : c’est la souffrance au travail, le mal-être…

La colère n’est pas forcément un sentiment négatif, elle peut même être souhaitable. Cependant, les salariés ne trouvent plus les ressources qu’il faut pour transformer leur colère individuelle en action collective.

L’auteur identifie quelques paradoxes dans les organisations hypermodernes qui contaminent l’activité normale.

Le paradoxe de l’urgence : plus on gagne de temps, moins on en a.

Le TTU (très très urgent) fait partie du quotidien du salarié. L’urgence est alors considérée comme la norme mais « norme » qui empêche de travailler normalement en prenant le temps de faire ce qui est à faire.

Le paradoxe de l’excellence durable : la réussite mène immanquablement à l’échec.

Le prix de l’excellence est remis à celui qui a de meilleurs résultats et il devient unique, exceptionnel. En dépassant les objectifs ont devient hors du commun. En proposant à tout le monde d’être hors du commun, de façon durable conduit à faire disparaître ce qui est commun et donc ce qui relie les uns aux autres, ce qui rassemble. Cette méthode encourage l’individualisme et la lutte des places.

Le paradoxe de l’autonomie contrôlée

L’hypermodernité implique d’être autonome, d’affirmer sa personnalité au sein d’une organisation où les objectifs sont fixés par l’entreprise. Ceci alors même que chacun sait que le salarié doit s’adapter au changement permanent, à la flexibilité et à la mobilité.

Le paradoxe du travail empêché

Le travailleur est en situation de toujours réduire l’écart entre le travail prescrit et le travail réel. La hiérarchie lui demande de réaliser son travail malgré des règles de travail inadaptées, des consignes inutiles et l’application de normes contraignantes. Il fait du mieux qu’il peut mais il est accusé de résistance au changement.

Le paradoxe de la coopération : l’organisation est un système de coopération qui empêche de travailler ensemble.

Dans l’organisation du travail on parle de la coopération comme si elle dépendait des autres alors qu’elle dépend d’abord des conditions organisationnelles qui la favorisent ou ne la favorisent pas. C’est pourquoi quand elle est effective, elle passe inaperçue car elle est réelle.

Ces différents paradoxes sont difficiles à tenir pour un travailleur car « le sens de l’activité, la relation aux autres, les processus de communication sont altérés au point que l’individu se sent désorienté, déstabilisé, fragilisé. Il perd confiance en lui, il pense que c’est lui qui « déraille ».

 

Quelques chiffres 

72 000

Depuis 2014, est le nombre de femmes actives supplémentaires qui ont intégré le marché du travail tandis que celui des hommes est en recul de 20 000. Aujourd’hui, 12,4 millions de femmes sont en emploi. Au total, la population active française est estimé à 28,6 millions de personnes de 15 ans ou plus, dont 25,8 millions d’actifs ayant un emploi et 2,8 millions étant au chômage. Le reste de la population âgée de 15 ans ou plus est considérée comme inactive par le Bureau international du travail. Depuis 2005, la population active a également augmenté de 1,3 million de personnes…

73

C’est en pourcentage le nombre de salariés qui quittent leur domicile pour aller travailler. La distance domicile-travail moyenne parcourue est de 25,9km mais pour la moitié des salariés, la distance est inférieure à 7,9km.

10

C’est en pourcentage, le taux autour duquel tourne le chômage en France. Un taux qui n’a cessé de progresser depuis 1975 et la fin des «Trente glorieuses». Après cette période faste, le nombre de chômeurs passe d’environ 700 000 à 2,2 millions à la fin des années 80. En recul en 1997, 2001, 2006 et 2008, le chômage repart régulièrement à la hausse et fluctue depuis autour de 9%, environ 2,5 millions de personnes.

23 130

C’est le niveau de vie annuel moyen des Français en euros. Mais plus de 8,6 millions de personnes vivent avec moins de 977 euros par mois, soit 14,3% de la population et 19,5% des enfants.

1 172 000

C’est le nombre de ruptures conventionnelles signées depuis l’entrée en vigueur de ce dispositif en 2008. Depuis sa création, ce dispositif a enregistré plusieurs records. Le dernier date de 2014, avec 333 569 ruptures conventionnelles signées, soit une hausse de 6,1% en un an.

2 157

C’est le salaire moyen net perçu par les Français en 2012, selon les derniers chiffres du ministère du Travail. A titre de comparaison, les employés perçoivent un salaire net moyen de 1 575 euros, les ouvriers de 1 653 euros, les professions intermédiaires de 2 208 euros et les cadres de 4 013 euros.

 

Chiffres travail