Parentalité


famille

LA PARENTALITE

  1. Définition

Une première définition du concept de “parentalité” est propose dans  le Larousse en  2000 : « parentalité : .n.f.. Fonction de parent, notamment sur les plans juridique, moral et socioculturel ».

En 1960 Paul-Claude Racamier introduit en France les termes de « parentalité », « paternalité » et « maternalité »  (traduits de « parenthood », « fatherhood » et « motherhood »), lors d’une étude sur les psychoses puerpérales, c’est-à-dire des psychoses relatives aux suites de l’accouchement.

Gérard Poussin  dans son livre Psychologie de la fonction parentale présente la parentalité comme un besoin s’inscrivant dans le développement du sujet (un désir d’enfant), une ligne de démarcation manifestant le passage de l’enfance à l’âge adulte, un mouvement pouvant advenir ou non et susceptible de modifications aux différents âges de la vie.

Le processus de parentalité évolue d’une “parentalité totale” lorsque l’enfant  est  jeune, à une “parentalité sans enfant” lorsque ce dernier gagne de l’autonomie et quitte le domicile familial. Cette idée de dynamique introduit l’idée que « chaque nouvelle naissance peut ouvrir sur une parentalité tout à fait différente pour un même sujet ».

Cependant, l’usage du terme  est restreint à l’étude des pathologies jusqu’à ce qu’il réapparaisse au cours des années 80. Serge Lebovici introduit le concept de parentalité et precise qu’être parent n’est ni un donné biologique ni un donné social mais le fruit d’un processus complexe de maturation psychologique.

Didier Houzel 1999, precise que : « ce que veut souligner le concept de parentalité, c’est qu’il ne suffit ni d’être géniteur ni d’être désigné comme parent pour en remplir toutes les conditions, encore faut-il « devenir parent », ce qui se fait à travers un processus complexe impliquant des niveaux conscients et inconscients du fonctionnement parental ».

  1. D’un point de vu psychologique

Les psychologues s’intéressent aux difficultés rencontrées au cours de la période de parentification (entendue comme processus de transition vers la parentalité). Elles peuvent être minimes ou au contraire à leur maximum, jusqu’à une incapacité du parent biologique de répondre aux besoins de son enfant.

La séparation, le divorce sont des situations qui entraînent  des relations complexes entre parents et enfants.  Les parents font des efforts pour mettre de côté leur problèmes conjugaux et privilégier le bien-être de leur progéniture, et mettre de côté les conflits qui les opposent.

Petit à petit s’installe une clinique de la parentalité qui permet de remédier aux manifestations psychopathologiques du processus de parentification et aux traitements des dysparentalités, des troubles de la fonction parentale.

 La parentalité désigne un processus de maturation psychique qui se prépare inconsciemment depuis l’enfance et qui se développe aussi bien chez les hommes que chez les femmes. C’est un processus dynamique qui sous-tend le « devenir parent ». L’identité parentale, dimension composant la parentalité, est conçue comme la manière dont chacun se définit, s’estime et se présente en tant que parent, à autrui et à soi-même.

Elle s’attache à rendre compte des refus de parentalité (accouchement sous X ou refus d’avoir des enfants), des échecs, des dysfonctionnements, du questionnement de ces adultes non parents.

La parentalité n’est ni un « savoir-faire » ni un « savoir être » innés. Elle rappelle que cette fonction parentale n’est nullement un trait constitutif d’une prétendue nature féminine et/ou masculine, maternelle et/ou paternelle. Conférant à la parentalité un caractère éminemment souple, mouvant et évolutif, elle en fait un processus dynamique et non un état. Il sera toujours important de garder à l’esprit cette dimension, à nos yeux essentielle, de la notion de parentalité.

Ce sont les sociologues et les ethnologues, qui, s’appropriant progressivement le concept de « parentalité » pour aller vers une forme de reconnaissance des parents par l’organisation sociale. Ce concept arrive pour répondre au besoin, dans une société où formes familiales se multiplient :

  • recompositions familiales,
  • familles homoparentales,
  • mise en question de l’occultation du/des géniteur(s) dans la filiation adoptive et la procréation médicalement assistée, de consacrer une compétence parentale (aptitude de fait).

En d’autres termes, l’adoption du terme a permis de distinguer les parents (père et mère) – ceux qui sont d’abord nommés en référence à leur rôle d’engendrement ou de géniteurs (biologie) institué par du droit – de la fonction de parent – qui est susceptible d’être assumée par une pluralité d’acteurs à un moment donné, qu’ils soient ou non les géniteurs (familles d’accueil, beau-parent, parents adoptifs…).

  1. Les dérivés de “parentalité”

On parle avec de nombreux dérivés de « parentalité » :

  • monoparentalité,
  • homoparentalité,
  • parentalité  adoptive   ou   de   substitution,
  • « beau- parentalité »,
  • pluriparentalité (ou multiparentalité) vient qualifier des configurations où l’enfant est en relation à une pluralité d’adultes en position de parent(s), c’est-à-dire des parentalités parallèles, voire additionnelles, telles que les familles d’accueil, adoptives, recomposes, ayant eu recours à la procréation médicalement assistée, homoparentales,

Ces dérivés permettentt d’identifier des configurations familiales dans lesquelles la prise en charge de l’enfant n’est pas assurée par ses deux géniteurs.

Certes, le terme parentalité aide à la mise en place d’une réflexion intellectuelle qui questionne et bouscule nos représentations mentales de la famille.

Certains parents seraient à la fois moins disponibles et moins disposés à assumer les tâches, rôles et fonctions qu’ils pouvaient exercer à d’autres périodes de l’histoire :  celle des “trente glorieuses”  notamment,  où  se conjuguaient stabilité des familles, forte division des rôles des sexes, plein-emploi et croissance économique.

Les pouvoirs publics s’inquiète des capacités des parents à assumer leur rôle auprès des enfants faisant ainsi émerger l’expression “parentalité” mais aussi celle de “soutien à la parentalité “ lors de la Conférence de la Famille du 12 juin 1998. Les Conférences de la Famille vont permettre au gouvernement de présenter les grandes orientations et l’état d’avancement de la politique familiale. Si c’est lors de la Conférence de mars 1997 qu’apparaît les premières préconisations en termes de prévention et d’accompagnement des familles. En 1998, Elisabeth Guigou, Garde des Sceaux cette année là, a mis en evidence  la nécessité d’établir un lien de causalité entre la conduite des parents et les comportements « problématiques » des mineurs.

 

  1. Actualités

Dans le compte-rendu du Conseil des ministres du 27 avril 2016 on peut lire que la ministre des familles et de l’enfance et des droits des femmes a présenté une communication relative à l’accompagnement à la parentalité.

Depuis le 11 avril, un livret des parents est envoyé, par les caisses d’allocations familiales et de mutualité sociale agricole aux futurs parents d’un premier enfant entre le 4ème et le 5ème mois de la grossesse, soit plus de 500 000 personnes chaque année.  Cet outil contribuerait au bien-être et à l’épanouissement des enfants  par un accompagnement le plus en amont possible, notamment en matière d’éducation mais aussi pour s’adapter à leurs attentes.

Cette politique d’accompagnement à la parentalité s’adresse à tous les parents pour agir en amont des situations de vulnérabilité, en particulier au moment de la grossesse et de l’arrivée de l’enfant, étapes essentielles dans la construction puis l’évolution des liens intrafamiliaux. L’entrée à l’école, l’adolescence ou encore les séparations familiales mobilisent également fortement les acteurs du soutien à la parentalité.

Il est précisé que les familles monoparentales, représentent plus d’une famille sur cinq. Leur situation révèle une précarité économique accrue mais également une précarité plus diffuse liée à une véritable solitude parentale. En complément des mesures du plan gouvernemental contre la pauvreté, le Gouvernement a renforcé les instruments de la politique de soutien à la parentalité, en expérimentant des solutions d’entraide et de répit avec les associations.

Les acteurs du soutien à la parentalité sont particulièrement impliqués dans la prévention de la radicalisation et l’accompagnement des familles